CHRONIQUES SUR LE DEUIL

L'inconfort devant celui qui pleure

Disons-le, se retrouver devant une personne en deuil, une personne démolie par une si grande perte, pour qui la vie n'a plus de sens... Et bien, ça nous rend, comment dire ? Inconfortable. Sa souffrance nous donne le vertige, alors que nous sommes incapables de seulement nous imaginer à sa place. Quoi dire ? Quoi faire ?

Les mots semblent inutiles, les gestes insuffisants pour apaiser celui qui souffre. Nous nous sentons démunis devant tant de douleur. Impuissants devant une réalité que nous ne pouvons changer. Gênés de notre quotidien paisible, sans malheur. Nous avons l'impression d'être incompétents et maladroits... Et parfois nous le sommes. Mais devons-nous pour autant nous retirer ? Ce malaise qui nous trouble, qui nous rappelle la fragilité de la vie, doit-il paralyser notre volonté d'aider ?

Devons-nous nous satisfaire d'un simple « Téléphone-moi si tu as besoin de quelque chose » ? Une invitation floue qui risque de nous réconforter, mais qui dans les faits apporte bien peu de soutien auprès de quelqu'un de déboussolé qui ne sait peut-être même pas ce qui peut l'aider. Quelqu'un qui n'a pas l'habitude de demander et de recevoir de l'aide.

Nous ne pouvons épargner l'autre de sa douleur, mais en quoi pouvons-nous faire une petite différence ? Qu'il s'agisse de préparer des repas, de faire des commissions, de garder les enfants, d'offrir de l'écoute, les possibilités sont nombreuses. Nous nous devons d'éviter les promesses démesurées que nous ne serons pas en mesure d'assumer et qui donneront l'impression à la personne en deuil d'être abandonnée, laissée seule avec son chagrin. Osons plutôt nous investir dans des actions qui nous conviennent et qui nous permettront d'offrir un soutien durable... Car n'oublions pas que si le deuil est une lente traversée, l'aide a tout intérêt à être prolongée. 

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

Retour à la liste des chroniques

Mélissa Raymond
Chroniques par :

Mélissa Raymond

travailleuse sociale