CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Prendre soin de soi

S'il y a bien une phrase qui nous est régulièrement répétée lorsque nous sommes dévastés par un décès, c'est bien celle-ci: «Prends soin de toi.» Une phrase souvent dite par automatisme et à laquelle nous portons dans les faits peu d'attention. Puisque lorsque nous sommes envahis par la souffrance et que nous avons l'impression que notre monde s'écroule, prendre soin de soi... Ça signifie quoi? Par où commencer?  

La peine est immense. Notre corps est lourd. Nous ne nous reconnaissons plus. C'est donc bien plus tentant de nous oublier que de nous accorder de l'attention. Parfois même nos besoins essentiels prennent le bord. Manger? Dormir?  Nous n'avons plus le goût de rien! Rappelons-nous que nous sommes devant une des épreuves les plus bouleversantes de notre vie. Nous devons reprendre des forces. Alors, plus que jamais, prendre soin de soi, c'est nécessaire.

Il est essentiel d'offrir à notre corps ce dont il a besoin: nourriture et sommeil. Aussi, comme nous sommes déboussolés depuis le départ de l'autre, suivons une routine qui nous aide à garder le cap. Et puis, n'attendons pas que l'intérêt revienne avant de pratiquer des activités qui ressourcent: marcher en nature; se confier à un ami; écouter de la musique qui nous touche droit au cœur; pratiquer un sport d'équipe; écrire notre peine; faire un album souvenir; s'abandonner à nos sanglots...

Ces gestes centrés sur nous-mêmes ne sont ni égoïstes ni superflus. Ils contribuent à notre rétablissement. Doucement, ils permettent de nous apaiser et de nous reconnecter au monde qui nous entoure. Nous nous sentons peu à peu revivre. Pour traverser cette épreuve, nous aurons appris à faire de l'espace à ce qui est bon pour nous. Rien n'indique que nous devons cesser de prendre soin de soi une fois la tempête passée...

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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